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Tremblement de terre de la Guadeloupe

Tremblement de terre de la Guadeloupe
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Le 8 février 1843, un tremblement de terre dont la magnitude est estimée à 8,5 touche la Guadeloupe et détruit la ville de Pointe-à-Pitre. Il génère un incendie qui se poursuit pendant plusieurs jours et cause plus de 1500 morts et 2000 blessés dans la ville elle-même. L'événement connaît un fort retentissement, comme en témoigne cette image d'Épinal réalisée peu de temps après la catastrophe. La représentation est cependant fantaisiste : elle représente notamment l'éruption du volcan de la Soufrière, qui était pourtant resté éteint.

Une légende détaillée accompagne l'image, dans un style oscillant entre le journalistique et le sensationnel :

« Un tremblement de terre affreux vient de plonger dans la consternation la colonie de la Guadeloupe. La Pointe-à-Pitre en est l’objet. Cette ville si riche, si belle, si pleine de vie, n’offre plus qu’un monceau de ruines ; pas un toit, pas un mur debout ; les rues sont abattues, les édifices sont à terre, ce qui a échappé par le tremblement a été dévoré par l’incendie. Une population presque entière ensevelie sous les décombres, des blessés et des morts par milliers ; le reste sans ressources et sans abri sur le théâtre de cette foudroyante destruction, accablée une nuit entière et le lendemain de cette épouvantable catastrophe.

Le 8 février 1843, à dix heures et demie du matin, un sourd roulement se fit entendre : les murs, soulevés par une force inconnue, semblaient agités et se mouvoir ; le tremblement de terre avait commencé. Le tintement des cloches arrachées par la secousse, et qui semblaient sonner d’elles-mêmes les funérailles de toute une ville à genoux devant la main invisible qui la frappait ! Les femmes, les enfants, les hommes se précipitant hors des maisons en jetant des cris affreux, et pendant ce temps, les maisons s’abattaient, les toits se brisaient et tout l’air, la terre même trempée dans ce plus profond cataclysme, se soulevait et s’abaissait, toujours prête à s’ouvrir ; les secousses, inutiles et sourdes, se multipliaient et se prolongeaient ; les effets étaient tels comme un vaisseau battu par les vagues. Au bout de quelques minutes, le relief cessa, le feu se déclara, et le reste de la population tremblante repoussa pour contempler ses ruines et voir l’incendie dévorer et achever ce que le tremblement avait épargné.

Les plus heureux dans cette foule effrayée étaient ceux qui pouvaient se procurer une couverture ou une petite place sous les arbres. Les navires en rade avaient été obligés de s’éloigner, car le feu de la ville arrivait jusqu’à eux. Le canon n’a pas cessé de se faire entendre pendant six jours pour alarmer les murs des maisons écroulées. Quant on ne pouvait éteindre l’incendie, les pompes ayant été ensevelies sous les décombres, le nombre des morts est évalué à plus de 6 000. Les rues étaient déblayées et ensevelies, ce qu’on pouvait recommencer. Que de scènes déchirantes ! La foule de familles entières écrasées ! Un corps est opéré de son bras, d’une épaule, comme un glaçon ; un mari, une femme emmêlés serrés l’un contre l’autre, un mari serrant la main de son ami, la flamme est encore venue se joindre à ce deuil... La provision a été miraculeusement sauvée. Des malfaiteurs, des repris-marrons qui voulaient profiter du désordre pour propager l’incendie et le pillage, douze ont été passés par les armes. »

Bilbiothèque nationale de France

  • Date
    1843
  • Lieu
    Épinal
  • Auteur(es)
    Imagerie Pellegrin, imprimeur
  • Description technique
    Estampe colorée sur papier
  • Provenance

    BnF, département Estampes et photographie, JE-MAT 3 (1843/124)

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmrdpqwvtnhn9