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Extrait

Nouveau Discours Préliminaire (édition de 1801)

Louis-Sébastien Mercier, L'an 2440, 1801
Le roman d'anticipation L'an 2440, publié d'abord anonymement, est interdit en France ce qui participe probablement à son succès : il compte près de vingt éditions successives dès 1782. Lors de sa réédition avec ajouts, c'est avec un certain orgueil que Mercier s'affirme comme étant le véritable prophète de la révolution française.

Ce n'est pas sans une satisfaction intime, que je réimprime, au bout de vingt-huit années et pour la troisième fois un Rêve qui a annoncé et préparé la révolution française.
Sans doute plusieurs écrivains l’avaient pressentie ; mais sans accorder à J. J. Rousseau, à Voltaire et à d'autres beaucoup plus qu'ils ne méritent, pour quelques lignes vagues ou insignifiantes […]

Sans forcer le sens, et d'une manière claire et précise, j'ai mis au jour et sans équivoque, une prédiction qui embrassait tous les changements possibles, depuis la destruction des parlements, de la noblesse et du clergé, jusqu'à l'adoption du chapeau rond.
Jamais prédiction, j'ose le dire, ne fut plus voisine de l’événement, et ne fut en même-temps plus détaillée sur l'étonnante série de toutes les métamorphoses particulières. Je suis donc le véritable prophète de la révolution, et je le dis sans orgueil ; la providence ménage à chaque auteur dans ce bas monde une bonne fortune ; et pourquoi avoir attribué à des écrivains peu prononcés ou antérieurs, ce qui m'appartenait ouvertement et si récemment.

Louis-Sébastien Mercier, L'an 2440 : Paris, Lepetit jeune et Gérard, 1801
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